Autolib n’est ni écologique, ni révolutionnaire… Catherine Calmet en séance de CM Créteil
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Intervention de Catherine Calmet, pour les élues EELV de Créteil (conseil municipal du 3 octobre 2011 – – dossier Autolib)

Première fois que ce dossier vient sur la table du Conseil Municipal – puisque c’est un projet porté par la Communauté d’agglo…

Pour autant, pas nécessaire de développer longuement ce qu’est Autolib… une déferlante médiatique s’en est chargé durant tout le week-end… et ce n’est qu’un début !

En résumé :

Un service de petits véhicules électriques rechargeables, en libre service, disponibles dans des stations disséminées dans le cœur de l’agglomération (dans 46 communes adhérentes – essentiellement concentrées à l’ouest et au sud de Paris). L’abonnement annuel revient à 12€ par mois, et l’utilisation est facturée à la demie-heure…

Jusque là, ça paraît simple… ça se complique quand on nous explique qu’il s’agit là d’une nouveauté écologique, qui va révolutionner la mobilité en Ile de France.

Or, pour nous, Autolib n’est ni écologique, ni révolutionnaire… il est juste inutile et coûteux.

Autolib n’a rien d’écologique. Au début, on expliquait qu’il permettrait aux parisiens de renoncer à la voiture personnelle, et réduirait d’autant la congestion urbaine avec des voitures partagées. En fait, Autolib consiste surtout à introduire 3000 nouveaux véhicules dans Paris et la petite couronne, là où le réseau de transport public est le plus dense… Et pour tenter d’assurer la disponibilité et le rechargement des véhicules, des camions devront arpenter en permanence le réseau routier pour regarnir les stations vides ou décharger les stations saturées… bref, ce qu’on gagne à coup sûr, c’est de la congestion routière supplémentaire.

Là où Vélib’ donnait une solution alternative à la voiture avec des modes de déplacements doux, par définition écologiques, il s’agit ici d’ajouter plusieurs milliers de véhicules automobiles dans l’espace public, y compris dans l’espace public de l’hyper-centre de la Région, à savoir pas du tout là où le besoin automobile pourrait se justifier…

Les véhicules électriques rechargeables sont eux aussi une fausse bonne idée… quand on sait qu’il faudra plusieurs heures, en fin de journée, pour recharger simultanément des milliers de batteries, y compris l’hiver lors des pics de consommations énergétiques qui surchauffe le réseau… là encore, Autolib est à contre temps de la sobriété énergétique dont nous devons faire preuve, et n’a donc rien d’écologique…

Autolib n’a rien de révolutionnaire non plus… Qu’y a t’il de révolutionnaire à prendre un véhicule à un endroit donné et le laisser à destination ? Les taxis assurent ce service depuis un siècle… dans des conditions parfois difficiles et pour des tarifs peu attractifs, c’est vrai… mais imaginons un moment que les 50M€ investis par la Ville de Paris et toutes les contributions des collectivités franciliennes soient consacrées à l’amélioration et à la démocratisation de l’offre de taxi. Il y avait là un vrai gisement d’emplois et de service public, à l’échelle de toute l’Ile de France et pas seulement d’une cinquantaine de communes… D’autres services intéressants et innovants existent aussi depuis quelques années : ce sont des services d’autopartage, qui permettent sur abonnement de réserver et d’utiliser des véhicules à la demande. Bref, Autolib n’invente rien de bien nouveau… et une fois la folie médiatique retombée, les lendemains pourraient bien déchanter !

En fait, aujourd’hui, Autolib pourrait surtout rapidement se révéler inutile et inadapté – en tout cas, il est permis de se demander par quelle étude de marché sérieuse on propose d’implanter 19 stations dans notre ville, avec potentiellement 112 véhicules disponibles… et un abonnement de base de 140€ par an, auquel s’ajoute les coûts d’utilisation…

En tout cas, Autolib’ a d’ores et déjà un coût… pour les collectivités adhérentes au Syndicat Mixte puisque, la délibération technique qui nous est proposée le rappelle,

la communauté d’agglomération va devoir débourser pas moins de 450 000 € pour le financement de 8 des 19 stations cristoliennes (la même chose pour les stations d’Alfortville et de Limeil…), le reste étant pris en charge par la Région, qui ferait mieux de les consacrer à l’offre de transports public… Un tel coût est-il vraiment justifié, pour un service au mieux marginal et au pire défaillant…?

Franchement, l’amélioration de la mobilité de nos concitoyens mérite mieux que cette vaste entreprise de « greenwashing » du groupe Bolloré.

A l’heure où notre ville bénéficie d’une amélioration de l’offre de transport considérable, dont nous nous réjouissons tous, c’est un message vraiment paradoxal que l’on adresse aux cristoliens.

Vous l’aurez compris… nous ne voterons pas cette délibération car nous sommes convaincues qu’Autolib n’est pas un bon projet…