Qualité de l’air. Vers la sortie du diesel ?
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Depuis plus de 20 ans, les écologistes alertent sur les effets désastreux des concentrations de particules fines dans l’air que nous respirons. Asthmes, maladies respiratoires diverses, parmi lesquelles les bronchiolites des jeunes enfants, des études de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ont montré en 2006 que les dépassements de particules étaient à l’origine de près de 42.000 décès prématurés en France et ont même conduit l’OMS à déclarer ces fameuses particules fines comme cancérogène certain en juillet 2012.

Bien sûr, l’agglomération parisienne n’est pas -et de loin- la seule aire urbaine à connaître ce phénomène de pollution de l’air, celui-ci étant indéniablement lié à la concentration des activités humaines et industrielles dans un espace limité.

Mais nous avons là encore notre particularisme : l’hyper prédominance du diesel dans le parc automobile français, à l’origine d’importantes émissions de particules fines comme l’ont montré de nombreuses études scientifiques. Aujourd’hui, en France, 73% des nouvelles immatriculations sont des véhicules diesel (contre 55% en moyenne en Europe) et ces derniers représentent plus de 60% du parc automobile.

Dans un rapport publié par Libération le 1er mars 2013, la Cour des Comptes affirme que la politique française en matière d’énergie « répond davantage au souci de préserver certains secteurs d’activité qu’à des objectifs environnementaux » et démontre que ces choix ont représenté un manque à gagner pour l’Etat de près de 7 milliards d’euros en 2011. Par temps de crise, évidemment, cette affirmation fait fureur… surtout si l’on y ajoute « un coût sanitaire annuel de 20 à 30 milliards d’euros » comme l’explique Delphine Batho, la ministre de l’environnement.

Maintenant que les scientifiques et que les autorités médicales ont montré la dangerosité du diesel, maintenant que la Cour des Comptes a dénoncé l’impact financier de la prédominance du diesel, va-t-on enfin apporter des solutions réellement efficaces à ce problème majeur de santé publique ?

Développer les transports publics et les rendre plus accessibles, faciliter et favoriser les mobilités actives (marche et vélo), encourager les automobilistes à changer de véhicule et à l’utiliser plus sobrement sont autant de politiques publiques qui doivent être renforcées et poursuivies, à tous les échelons de décision.

Pour autant, il faut dès aujourd’hui envoyer un signal clair aux particuliers comme aux professionnels : le diesel n’est pas une solution d’avenir, tant pour des questions de santé publique que pour des raisons économiques.

Pour cela, il est nécessaire que le gouvernement annonce enfin que les prix à la pompe entre le diesel et l’essence vont s’aligner progressivement, et qu’il supprime les niches fiscales qui favorisent les véhicules à motorisation diesel. Et, dans le même temps, il faut engager rapidement la reconversion de l’industrie automobile française, encourager la recherche dans les véhicules propres. Les milliards d’euros que nous pouvons récupérer en mettant fin aux avantages fiscaux du diesel et que ne pourrons économiser en améliorant la qualité de l’air doivent être autant de moteurs à l’action.

 

Marianne Boulc’h

 

sources :

« Le diesel, vers la fin du privilège fiscal ? » articles et documents, Libération, Christian Losson

« Les moteurs diesel, entre subventions et dangerosité » article, Le Monde, Audrey Garric