Le projet d’extension de Créteil Soleil est un mauvais projet : ainsi en a décidé le Conseil d’Etat !
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Nous avons évoqué à de nombreuses reprises sur ce blog le projet d’extension du centre commercial Créteil Soleil. Prise en compte insuffisante de l’environnement, effets négatifs sur le maintien et le développement des commerces de proximité, augmentation du trafic automobile : nous ne manquons pas d’arguments contre l’extension de Créteil Soleil et pour définir un autre avenir à ce centre commercial. Et la récente décision du Conseil d’État, qui valide le rejet prononcé par la Commission nationale de l’Aménagement commercial, ne fait que nous renforcer dans nos analyses et nos convictions.

En effet, la Commission Nationale de l’Amenagement Commercial (CNAC) avait soulevé que le dossier présenté par Klepierre (via sa société Solorec) était purement et simplement « insuffisant en termes de développement durable ». Une décision claire et nette, donc, s’appuyant sur le fait que :

  • Le projet d’extension ne respectait pas la réglementation thermique en vigueur, pourtant en application depuis plus d’un an avant le dépôt du projet… alors qu’il s’agit d’un ensemble immobilier particulièrement vorace en énergie.
  • Les questions environnementales majeures que sont le suivi de la qualité de l’air et la valorisation des déchets n’étaient qu’au stade « d’études à mener »… alors que le projet prévoyait une extension des parkings, « aspirateurs à voiture » aux effets majeurs sur la pollution de l’air à proximité…
  • Le projet n’était pas abouti en terme de végétalisation (« ainsi par exemple, la question de la toiture végétalisée n’est pas réglée »)… alors que ce type d’aménagements, qui limitent les impacts environnementaux des constructions, sont désormais des incontournables architecturaux…

Tous ces points soulevés par la CNAC montrent que notre analyse du dossier était la bonne : contrairement aux affirmations et à la communication de Klepierre et de la mairie de Créteil, le projet d’extension ne respectait en rien les principes et les normes en vigueur en matière de développement durable ! Et le maire, qui ne voyait là que des arguties juridiques visant à retarder un projet qu’il soutenait fortement, devra bien reconnaître que les postures ne suffisent pas : en matière de choix écologiques, seuls les actes comptent !

Il est difficile de hiérarchiser les motifs de refus par la CNAC. Mais le non respect de la réglementation thermique est profondément surprenant ! En effet, la réglementation thermique s’impose à tous les constructeurs de bâtiments. Elle fixe des objectifs et des normes maximales pour limiter l’empreinte écologique, les consommations énergétiques et les émissions de gaz à effet de serre des constructions. Ne pas les respecter est donc particulièrement révélateur d’une absence de prise en compte de l’environnement et tout aussi révélateur d’un état d’esprit regrettable qui fait que le gestionnaire du centre commercial Créteil Soleil se croit tout permis.

Preuve de l’impunité dont Klépierre pense bénéficier dans notre bonne ville de Créteil, la société n’a même pas jugé utile d’apporter des précisions et informations à même d’attester de sa volonté de faire évoluer positivement le projet lors de la procédure menée par la CNAC, comme l’explique le Conseil d’État :

« 4. Considérant qu’en l’espèce, la commission nationale, ayant estimé que les éléments figurant au dossier de demande étaient insuffisants pour lui permettre de se prononcer sur l’autorisation sollicitée au regard de l’objectif de développement durable, a invité le pétitionnaire à compléter son dossier sur ce point ; que le pétitionnaire a fourni des informations que la commission, après que son service instructeur eut réitéré ses demandes, a estimé insuffisantes ; que compte tenu des carences et imprécisions qui ont caractérisé les réponses du pétitionnaire, en particulier en ce qui concerne la réglementation thermique, la requérante n’est pas fondée à soutenir que la commission nationale aurait fait une inexacte appréciation des dispositions précitées en estimant que le dossier de demande d’autorisation ne lui permettait pas, y compris au vu des compléments apportés, d’apprécier la conformité du projet à l’objectif de développement durable ; que, dès lors, sa requête doit être rejetée ; »

 

Pour l’ensemble de ces raisons, EELV Créteil se félicite de la décision du Conseil d’État de confirmer le rejet du projet d’extension de Créteil Soleil. Comme l’avaient exprimé les élues EELV en 2013, au moment de la révision du Plan local d’Urbanisme, un autre avenir doit être envisagé pour ce centre commercial : plus durable, plus chaleureux, plus diversifié, mieux inséré dans la ville et son environnement, moins tourné vers la consommation marchande et davantage vers la satisfaction et le respect des besoins de tous.

Il est plus que temps de se donner les moyens de réaliser une opération de rénovation ambitieuse, au service des habitants et de l’environnement, à imaginer et débattre avec l’ensemble des acteurs concernés !

Et plus globalement, il nous semble indispensable de mener un véritable débat public sur ce qui valorise véritablement les territoires en matière économique, sur ce qui assure leur vitalité à moyen et long terme, sur ce qui répond véritablement aux besoins des habitants…

L’avenir de Créteil est-il vraiment dans le gigantisme commercial, dont l’extrême fragilité est masquée par quelques enseignes « low cost » provisoirement porteuses (Primark, pour combien de temps ?) et dont le fonctionnement quotidien s’appuie sur des centaines d’emplois précaires, alors que chaque emploi crée au CCR détruit plusieurs emplois de commerce de proximité ?

Finalement, le dossier de l’extension du Centre commercial Créteil Soleil est assez emblématique de la vision que l’on peut avoir quant à l’avenir de Créteil  :

  • reproduire sans cesse des projets du passé, en tentant vainement de les moderniser ?
  • ou s’engager enfin sur le chemin d’une ville du XXIème siècle, sobre en énergie, vivante et conviviale, centrée sur les besoins réels de ses habitants et non sur une course effrénée à la consommation ?

Alors qu’en France, se développent dans de nombreuses régions les remises en cause de « Grands projets inutiles », l’extension de Créteil Soleil pourrait bien rejoindre la liste des dossiers bâclés… dont la copie doit être revue de fond en comble !

 

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