Restaurer le crédit de la parole publique
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La confirmation de la fraude fiscale dont s’est rendu coupable l’ancien ministre du Budget a profondément ébranlé notre pays. Il est trop tôt pour percevoir toutes les conséquences d’une telle affaire, touchant l’un des ministres les plus visibles du gouvernement. Au moins le consensus s’est-il opéré, après l’aveu, pour renforcer la transparence de la vie politique, la lutte contre l’évasion fiscale et la délinquance financière, pour donner à la puissance publique, en France et en Europe, les moyens d’une coopération efficace contre les paradis fiscaux.

J’ai dit, au nom des écologistes, toute notre exigence de réponses nettes, fermes et fortes au choc de défiance provoqué par l’affaire Cahuzac. Les orientations annoncées ce mardi par le Président de la République témoignent de ce que celui-ci a pris la mesure du problème, et des réformes qu’il appelle. C’est un pas important en direction de la re-régulation de la finance, un pas important pour le redressement aussi des comptes publics, affaiblis par l’évasion fiscale. C’est un pas nécessaire pour sortir de la crise, provoquée précisément par le mouvement continu de déréglementation poursuivi depuis plus de trente ans et radicalisée par l’aveuglement des dirigeants européens, incapables de sortir du carcan (de l’étau ?) idéologique du libéralisme thatcherien.

L’examen en seconde lecture de la loi bancaire permettra de concrétiser les engagements présidentiels. Le dépôt, par le groupe écologiste à l’Assemblée Nationale, d’une proposition de loi « visant à instaurer plus de transparence dans les relations bancaires et avec les établissements étrangers et à lutter contre l’évasion fiscale » amplifie ce mouvement. Les conseillers régionaux écologistes, quant à eux, ont obtenu de l’Association des régions de France (ARF) le renforcement du travail engagé depuis 2010 en faveur de la déontologie financière des collectivités.

Il est temps de rompre, enfin, avec les errements du laisser-faire et les renoncements débonnaires. Nous partageons les orientations du Président de la République, qui reprennent très largement celles que nous formulons de longue date. Et comme lui, nous veillerons à ce qu’elles soient pleinement respectées. Passées l’émotion des affaires et la force des déclarations solennelles, les écologistes resteront déterminés à voir la volonté transformée en actes. En lois, en règles de droit, en faits. C’est là une condition impérative si l’on veut restaurer durablement le crédit de la parole publique, si terriblement malmenée par le mensonge d’un homme, venant après d’autres.

Pascal DURAND, secrétaire national