Vers une interdiction des produits phytosanitaires dans les espaces verts
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Le Sénat prépare un texte qui donnerait cinq ans aux collectivités pour bannir l’usage des pesticides.

Le sénateur Joël Labbé (EE-LV, Morbihan) entend déposer, à l’occasion d’une niche parlementaire en octobre 2013, une proposition de loi visant à interdire l’usage des pesticides dans les espaces publics des collectivités locales d’ici 2018.

A cette date, le texte doit également prohiber la vente aux non-professionnels de produits phytosanitaires dans les jardineries et grandes surfaces. L’échéance retenue se cale sur celle du plan national « Ecophyto », arrêté en 2008 et tablant sur une réduction de moitié de l’usage des phytosanitaires en dix ans.

100 % de « zéro phyto » – « Quelque 10 % des collectivités se sont déjà converties au ‘zéro phyto’ », a souligné Joël Labbé, lors de la présentation à la presse du « Club des élus pour les alternatives aux pesticides », mercredi 27 mars 2013, à l’Assemblée nationale.

Il a cité le cas de la commune dont il est maire, Saint-Nolff (3 800 hab.), distinguée comme « capitale 2012 de la biodiversité » dans la catégorie des petites villes.
« Même sur le cimetière et le terrain de foot, se passer de pesticides est possible », affirme-t-il.

« Le ‘zéro phyto’ concerne également des grandes villes, comme Lille et Versailles », souligne la sénatrice (UDI) Chantal Jouanno. L’ancienne secrétaire d’Etat à l’Ecologie rappelle que les perturbateurs endocriniens (dont les pesticides) sont à l’origine de « grandes épidémies (diabète de type 1, obésité, cancers), la baisse de la fertilité n’étant qu’un aspect du sujet ».

Le club des élus, qu’ont déjà rallié une centaine de responsables, se monte au moment même où les atteintes à la santé et à l’environnement des produits phytosanitaires sont mises en évidence de toute part.
L’association Phyto Victimes médiatise, depuis un an, les cancers et maladies neurogénératives frappant les agriculteurs.

Quelque 120 médecins du Limousin dénoncent divers « voyants au rouge concernant la santé des agriculteurs, des riverains et des fœtus », rapporte Pierre-Michel Perrinaud, généraliste signataire de l’appel lancé par les docteurs.
La présence de pesticides – ainsi que de résidus de médicaments dans l’eau du robinet et en bouteilles – a par ailleurs été mise en lumière, le 25 mars, par l’Institut national de la consommation et la fondation France Libertés.

Grand banditisme – La sénatrice (UMP, Yvelines), Sophie Primas, auteure d’un rapport sur les pesticides remis en octobre dernier, insiste sur la fraude dont font l’objet des pesticides interdits, estimant que, sans mobilisation des douanes, de la police et de la gendarmerie, « le grand banditisme » perdurera.

Malgré cette limite à la prohibition, le porte-parole de l’Union de l’apiculture française (Unaf), Henri Clément, plaide pour le retrait du marché des néonicotinoïdes, présents notamment dans le Gaucho et le Poncho.

Fin janvier 2013, la Commission européenne a proposé suspendre pendant deux ans l’utilisation de trois pesticides de la famille des néonicotinoïdes particulièrement ravageurs pour les abeilles.
Une orientation que n’ont pas soutenue tous les Etats membres, dont « la Grande-Bretagne et l’Allemagne, sous l’influence des firmes » fabriquant ces produits.

Néanmoins, l’Unaf « attend que l’Europe prenne de saines décisions, déclare son porte-parole. En vingt ans, la mortalité des abeilles est passée de 5 à 30 % par an. »