Discours de Jacques Perreux au meeting départemental du 5 mars
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Dans ma vie militante, j’ai 4 idées fixes, un peu comme 4 principes qui guident mon action, j’y tiens énormément et évidemment avant d’accepter la proposition de Cécile Duflot d’être sur cette liste, je  me suis assuré que ces 4 principes là, avaient plus de chance d’être pollénisés en acceptant cette proposition qu’en restant au PCF.

  • Le premier principe c’est l’attachement primordial aux biens qui nous sont communs. L’eau, l’air, le soleil, la biodiversité, les cultures, les savoirs nous appartiennent à tous et ne devraient être kidnappés par personne en particulier. Ces biens, je pense d’abord à l’eau nous ont aidés à travers des millénaires à forger entre les hommes des valeurs et des comportements de solidarité. L’eau comme don de la nature nous oblige à en partager la gestion. L’eau comme élément indispensable à la vie, nous demande de la considérer comme un droit fondamental et exige que la collectivité quelle qu’elle soit fasse fonctionner la solidarité pour assurer ce droit à chacun. L’eau comme élément interdépendant nous appelle à être solidaires, à penser à ceux qui habitent de l’autre côté de la rivière, de l’autre côté de la planète puisque toutes les eaux communiquent entre elles. Et puis nous le savons tous, c’est toujours la même eau que nous buvons et rejetons depuis la nuit des temps. Elle nous oblige donc à être solidaires de ceux qui viendront à naître demain. En fait  ces biens communs- outre les services qu’ils nous rendent- sont une formidable chance. Ils nous ont rendu humains, nous aident à vraiment vivre ensemble en se souciant les uns des autres. Soit dit en passant dans les conseils d’administrations des multinationales de l’eau on ne parle pas de solidarité, de long terme, de développement durable, de protection de la ressource, mais de retour immédiat sur investissement. Non ! Pour faire vivre la solidarité il y a quelque chose qui a été inventé exprès pour cela par les hommes. Cela s’appelle le service public, démocratique, citoyen et transparent. C’est dans ces combats là, pour la défense des biens communs, que j’ai rencontré des tas de gens biens, Ricardo Pettrela, Danielle Mitterrand, Vandana Chiva, Sylvie Paquerot, Jean-Luc Touly, José Bové, à l’autre bout du monde d’abord et ensuite dans les rassemblements du Larzac. C’est dans cette formidable bataille que nous avons menée au sein du Syndicat des Eaux d’Ile de France, que j’ai rencontré et apprécié le comportement de la toute nouvelle Maire de Montreuil – Dominique Voynet sur laquelle nous avons pu compter. Dans cette bataille dont la victoire nous à été volée comme chacun le sait par le comportement d’élus de gauche communistes et socialistes qui ont tourné le dos à leurs engagements en préférant Véolia au service public. En fait, c’est une chance d’avoir en commun des biens que se soit au plan international, où au plan d’un quartier, d’une rue où d’une citée populaire, cela aide à faire sens, procure du bien-être, donne le goût des autres. Nous avons vécu ces dernières décennies- des années terrifiantes où la concurrence, la compétition ont exacerbé « le chacun pour soi ». Tout cela a détraqué toutes les sociétés, développé les inégalités sociales et environnementales comme jamais brisé des vies. Comme le dit Waren Bufet la guerre des classes existe et c’est ma classe qui l’a gagné.

Alors que notre époque est celle où tout appelle la coopération, la fraternité, la solidarité c’est l’Ecologie politique qui nous aide à nous porter au niveau le plus élevé de l’intérêt général et à devenir réellement Humanité. La protection de notre planète, de nos ressources, de notre climat, de notre eau qui sont en danger, de chacune de nos cultures et donc de notre patrimoine culturel commun suppose un nouveau paradigme qui est la solidarité.

  • Le deuxième principe pour moi, c’est de toujours chercher à aller à la racine des problèmes pour trouver les bonnes solutions contre les inégalités sociales et environnementales. Mais je dois dire que le mot « radicalité » qui devrait exprimer ce comportement est très galvaudé. Je ne dis pas ça pour nos amis du mouvement des radicaux de gauche qui malgré leur nom ne sont quand même pas très radicaux. Je le dis surtout parce que j’ai progressivement appris dans ma vie militante malheureusement, à mes dépends, que parfois la radicalité verbale servait d’habillage aux pires renoncements. Qu’elle pouvait servir à masquer le sentiment d’impuissance, et l’incapacité à dégager des solutions alternatives et à construire des stratégies victorieuses. Il faut donc veiller à être concrètement radical et c’est ce qui me plait dans Europe écologie. Oui promouvoir les circuits courts, proposer de convertir 10% des terres céréalières en terres maraîchères, fruitières, d’élevages bio – c’est mettre en cause frontalement la mondialisation capitaliste gaspilleuse, pollueuse. C’est renouer avec le plaisir du bien manger et du bon goût notamment pour les plus modestes. C’est améliorer la santé, réduire le déficit de la sécurité sociale.

Proposer d’isoler 200 000 logements sociaux pour diviser par 2 la facture énergétique, c’est réduire les inégalités sociales, c’est créer 100 000 emplois, c’est initier un service public des énergies renouvelables d’un type nouveau, mettant à l’abri du « tout marché » celles-ci.

Créer un pass-formation de 150 heures  est aller dans le sens de la garantie d’emplois et de formations tout au long de la vie, c’est investir dans l’intelligence.

Nos mesures révolutionnaires pour les transports avec le chèque vélo pour les lycéens, le ticket à 1€ le soir et les week-ends ou le pass « zone unique »…..c’est du temps libre dégagé, de la fatigue supprimée, de la santé regagnée, du pouvoir d’achat redonné, du climat protégé et l’émergence d’une valeur de solidarité  dans la communauté  francilienne. Ce sont là de nouvelles logiques vertueuses qui économisent des ressources et valorisent les êtres humains pour vivre bien ensemble, je recevais cette semaine les associations d’Ivry qui mettent en cause la surcapacité de la future usine d’incinération du Syctom.

Qui a raison ? qui défend l’intérêt général ?

Qui est du coté de la planète et de l’innovation ? Le syndicat de traitement des déchets qui est dans une logique d’incinération pour produire de la chaleur et qui ne consacre que 0,04% de son budget à la prévention. Autrement dit pour avoir chaud produisez et consommez du déchet. Ou bien  les associations qui disent qu’il faut investir dans la prévention pour supprimer des déchets, dans le tri la valorisation, la deuxième vie qui créé des emplois et de n’incinérer que ce qui reste . Et pour se chauffer investir  dans la géothermie qui est une vraie énergie renouvelable

  • Le troisième principe c’est que si l’on doit et si l’on veut avoir des objectifs extrêmement ambitieux, synonymes quasiment d’une révolution des modes de productions, de vies, de consommations, avoir une vraie vision d’avenir, il nous faut être capable d’encourager simultanément les moindres petits pas. La révolution commence maintenant dans les comportements individuels et collectifs,  elle commence maintenant parce que à mépriser les petits gestes on devient impuissant à faire de grands pas. Comment prétendre construire un monde fraternel si aujourd’hui nous ne soutenions pas ceux qui rasent les murs pour aller au travail, pour aller à l’école, dans les transports, nos frères sans papiers ? Comment croire être capable de bouleverser l’économie si on n’est pas capable lorsqu’on est élu Maire d’une ville, de gérer en service public l’eau, les déchets etc… ? Comment serais-je crédible lorsque je dis que je veux la transformation écologique de la Région  dans le domaine de l’industrie, dans le domaine de l’agriculture si je n’étais pas capable alors que j’en ai eu la possibilité comme Vice-Président du Conseil général, d’installer sur un parc départemental de mon canton, un agriculteur bio soutenu par une association. Si je n’avais pas alors, que j’en ai le pouvoir contribué à réduire de 96% l’usage des pesticides sur les 300 hectares de ces parcs. Si je n’avais pas alors que j’en ai les moyens piloté une expérimentation de récupération des eaux pluviales sur tout un bassin versant pour les traiter sur place avec un procédé physico-chimique doux, adapté et rompre ainsi avec une conception productiviste qui consiste à mélanger les eaux de pluie avec les eaux usées dans des stations dépurations aussi mastodontes que coûteuses. Oui les AMAP, les coopératives, l’économie sociale et solidaire, tous ceux qui a contre courant développent le bio en agriculture et en viticulture rompent avec le modèle productiviste ultra libéral, et cela bien plus que d’autres qui parlent tous les matins d’abattre le capitalisme.

C’est aussi cela que j’apprécie dans Europe écologie. C’est aussi le sens d’une force nouvelle qui considère que l’important c’est d’agir et de faire bouger les lignes et concrètement les choses. C’est aussi cela tirer les leçons d’un siècle d’échecs qui a cru au  grand soir de la Révolution sans voir que les moyens doivent toujours coïncider avec la fin.

  • Enfin le quatrième principe, c’est le sens du rassemblement. Je l’ai dit ces dernières années ont été celles du repli sur soi, de la concurrence, du communautarisme. C’est  celles où chacun a campé sur son identité. Souvent ces identités se sont desséchés par manque d’ouverture à la vie, et aux mouvements, aspirations et cultures émergeants. Les partis n’ont pas échappé à cette sclérose.

Il nous faut  donc camper, non pas sur l’identité mais sur l’altérité. Le goût des autres, là est la richesse, la possibilité de soulever les montagnes. La force politique du 21ème siècle, pour moi est une force qui décloisonne, qui favorise la confrontation, qui exclut le monolithisme, qui permet les allées et venues, la porosité et développe au bout du compte, l’intelligence collective mais aussi les capacités de chacun. Je salue vraiment le geste des Verts d’avoir su créer Europe écologie. Un geste de grande portée s’il se prolonge. Je viens dans ce mouvement,  confiant que cela va continuer après les régionales. Que cela va s’élargir, que nous allons ensemble et avec d’autres être capables d’ouvrir de nouveaux espaces, parfois intermèdaire de rencontre de travail et d’actions.

Mais pourquoi faire tout cela ? Simplement parce ce qu’il faut absolument sortir de cette situation insupportable. La gauche a perdu- reperdu et  rereperdu depuis 20 ans. Elle est en panne et le peuple paye extrêmement cher l’addition. Evidemment qu’il faut mettre une raclée à la droite à ces élections et nous allons le faire – c’est sûr ! Mais l’abstention qui se prépare et se structure fortement, que nous voulons faire reculer un peu d’ici le 14 mars montre bien l’absence d’alternative. Il faut donc enclencher avec ces élections quelque chose de nouveau.  Ce quelque chose de nouveau c’est cet objet politique que nous sommes en train de construire. Le vote pour Cécile Duflot, c’est le vote pour la transformation écologique et sociale de la Région, c’est le vote qui s’attaque aux injustices sociales avec des solutions écologiques et c’est aussi le vote qui peut ouvrir enfin et maintenant les portes de l’avenir. J’aime cette phrase de Robespierre « Quand un peuple se lève et déploie toute sa force et sa majesté, rien ne lui résiste et tout plie devant lui ». J’en rêve.