Prévention du bruit dans l’environnement
Partager

Le bruit a longtemps été considéré comme une fatalité accompagnant le progrès technique. Les ouvriers des laminoirs étaient sourds, et l’on ne voyait pas quoi faire contre. Idem pour les ouvrières des métiers à tisser, les chaudronniers, etc. Tout le monde (ou presque) sait maintenant que les bruits forts (plus de 110 décibels) causent des lésions irréversibles.

Mais ce que l’on sait moins, c’est que le quart des franciliens citent le bruit comme la principale nuisance ressentie depuis leur logement (Grange D., Chatignoux E., Gremy I. Les perceptions du bruit en Ile-de-France. Rapport de l’Observatoire Régional de la Santé d’Ile-de-France, mars 2009, 158 p.). Comme l’indique ce rapport : « Le bruit est une source de gêne très présente en Ile-de-France, altérant la qualité de vie de la grande majorité des Franciliens. Dans ce sens, un Francilien sur quatre est particulièrement gêné par le bruit, puisqu’il se déclare souvent ou en permanence gêné à son domicile. Significativement plus importante en Ile-de-France qu’en province, cette gêne est très liée au degré d’urbanisation. Parmi les différentes sources de bruit, la circulation routière est de loin la première source de gêne. L’Ile-de-France se caractérise également par une gêne importante liée aux bruits du voisinage et du trafic aérien. En outre, le bruit renforce les inégalités sociales, puisque ce sont les personnes aux revenus les plus faibles qui sont les plus concernées.« . Il est aujourd’hui connu que le bruit quotidien se traduit en insomnies, en stress, et en diminution de la qualité de vie.  C’est à la suite de ces constats qu’il a été décidé d’accélérer la réalisation d’écrans anti-bruit le long des axes les plus bruyants, c’est à dire les autoroutes urbaines, ces dernières années. Mais ce n’est pas suffisant.

Dans le Val de Marne, on estime que 16% de la population est exposée à des niveaux de bruits gênants en journée, soit plus de 68 décibels (94. Citoyens.com, bulletin web du Conseil Général du Val de Marne, 24 juin 2014). Dans certaines certaines villes du 94, plus de 35% de la population est fortement  touchée (Charenton, St Maurice). Dans d’autres le taux est plus modéré (9% à Créteil par exemple soit 7.310 personnes) mais significatif.  Les nombreuses autoroutes , aéroports et voies ferrées expliquent cette situation. La préparation du Grand Paris Express, qui implantera une dizaine de gares dans le Val de Marne pour la future ligne 15, a montré que les habitants sont très sensibles aux risques de nuisances sonores supplémentaires lors du chantier ou lors de l’exploitation d’une nouvelle ligne.

C’est donc une bonne nouvelle qu’une enquête publique s’ouvre pour la prévention du bruit dans l’environnement à l’initiative du Conseil Général (Possibilité de donner son avis en allant sur place ou par email à avis.ppbe@cg94.fr). Une fois qu’un ouvrage est construit (autoroute, gare, voie ferrée,..) il est en effet  beaucoup plus difficile et coûteux de réaliser des aménagements anti-bruit. La prévention est bien le réflexe à développer.

Le département du Val de Marne cite 14 mesures à l’étude qui concerne notamment l’extension des écrans antibruits, un meilleur suivi des niveaux de bruit , l’encouragement aux modes de transport moins bruyants (pistes cyclables, etc. ), l’aide à l’isolation phonique des logements.  Le plan soumis à enquête publique comporte des actions sur 43 routes du réseau départemental.

Pour ma part, je verrais bien quelques mesures supplémentaires sur cette liste  :

  • la fin de la tolérance vis à vis des moteurs inutilement bruyants (motos sportives ou bricolées, diesels, etc. );
  • un suivi du niveau de bruit dans le réseau ferré francilien;
  • le plafonnement à 90 km/h de la vitesse des trains en zone urbaine;
  • l’obligation de résultats en matière de bruit lors de la réalisation de nouvelles infrastructures (en particulier les aéroports);
  • la mise en place de formations en acoustique pour les corps de métiers concernés (architectes, ingénieurs transport, aménageurs, aéronautique,  ..),
  • la désignation claire d’un centre public existant pour la recherche et l’expertise sur le bruit en milieu urbain (c’est en principe la mission de l’INERIS et de BRUITPARIF mais en ont-ils les moyens ? )

Quoi qu’il en soit n’oubliez pas d’indiquer votre avis à l’occasion de cette enquête publique : le simple fait de se manifester est déjà un acte utile ! 

Philippe Ungerer

 

Liens recommandés :