Contre un urbanisme inadapté au regard des enjeux environnementaux : réponse du Groupe Local de Créteil à un projet d’un « autre temps »
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Modification du PLU #Ilot Jacquart #Créteil L’échat #GPSEA #Enquetepublique

A l’attention de M. le Commissaire Enquêteur


Objet : Contribution à l’enquête publique sur le projet de modification du PLU
Créteil, le 11 avril 2013

Monsieur le Commissaire Enquêteur,


Le groupe local EELV Créteil souhaite apporter sa contribution à l’enquête publique
sur le projet de modification du Plan local d’urbanisme.
Le projet d’aménagement du triangle de l’Échat ne nous paraît toujours pas un projet
soutenable à plusieurs titres, même dans sa version modifiée.
Nous avons la conviction qu’une gestion raisonnable de l’urbanisme doit tenir compte
de la santé physique et mentale des futurs habitant.e.s ainsi que de la situation et de
l’évolution des conditions environnementales. Les politiques publiques doivent
assurer aux habitants de la ville des conditions d’existence décente dans un cadre
protecteur.
Chaque jour l’urgence sociale et climatique se rappelle à nous, au fil des rapports du
GIEC, les alertes des ONG ou d’associations comme Dernière Rénovation.
Comment peut-on encore, en 2023, à Créteil, promouvoir un urbanisme qui ne tient
pas compte de l’augmentation de la fréquence des épisodes climatiques extrêmes
(pics de chaleurs et épisodes pluvieux intenses), et des altérations de la santé
engendrées par les multiples types de pollution, des risques inhérents à la diminution
des espaces verts et à l’augmentation des gaz à effet de serre ?
Nous remarques portent en premier lieu sur l’environnement dans le quartier de
l’Échat.
Il est connu et documenté que l’artificialisation des sols diminue la résilience
face aux épisodes de chaleur et aux inondations.
Lors des canicules, le triangle de l’Échat et les alentours de la gare seront des îlots de
chaleur difficilement supportables. L’artificialisation des terrains ne permettra pas la
pénétration de l’eau dans les sols. La végétalisation et notamment la présence
d’arbres en nombre permet de remédier en partie à cette situation.Or à Créteil nous avons le sentiment que de nombreux arbres sont abattus. Si
l’abatage des arbres malades est parfois indispensable, nous souhaiterions connaître
le nombre et la cartographie des arbres abattus ainsi que les mécanismes de
compensations mis en place par la ville.
Limiter les surfaces d’artificialisation des sols, préserver les espaces verts existants
et en créer davantage permettront de lutter contre ces phénomènes et de préserver
une biodiversité déjà mise à mal.
Nous ne considérons pas acceptable de construire encore dans un quartier au cœur
d’un nœud routier où la qualité de l’air est alarmante.
Le triangle de l’Échat est au cœur d’un échangeur routier entre l’A86 et la RD 19. Rien
que sur la A86, ce sont 100 000 véhicules par jour qui circulent. Est-ce un service
rendu à la population de proposer des logements, une école et une crèche dans ce
contexte ?
Pour rappel, en France, la pollution de l’air extérieur engendre 48 000 décès
prématurés par an (étude « santé publique France ») soit 9 % de la mortalité en
France et une perte d’espérance de vie à 30 ans pouvant dépasser 2 ans.
(https://www.ecologie.gouv.fr › pollution-lair-origines-sit…)
Nous proposons que cette zone critique soit dévolue à d’autres usages que la création
de logements, au profit d’une occupation intermittente, locaux d’activité ou tiers lieux
participatifs par exemple.
Par ailleurs nous pensons qu’il serait utile d’installer des panneaux informant en temps
réel du degré de pollution de l’air afin notamment de renforcer la vigilance des
personnes exposées à risque et de préserver au mieux les enfants.
Ce quartier est pris dans un maillage routier qui entraine des nuisances sonores.
Bien souvent les nuisances sonores sont passées “sous silence”. A Créteil, le volume
sonore dépasse les 68 décibels réglementaires. les recommandations de
l’Organisation Mondiale de la Santé sont de 53 décibels maximum.
Les cartes de bruit Parif indiquent des valeurs jusqu’à 70-75 décibels à Créteil, niveau
sonore qui altère durablement la santé. Il est estimé que 8 mois de vie en bonne santé
sont perdus à cause du bruit routier à Créteil.
Nous souhaitons que la ville élabore un plan de prévention de la pollution sonore. Les
murs antibruits ne suffisent pas. Les enrobés phoniques parfois présentés comme une
solution n’en constituent pas une : l’usure rend leur remplacement nécessaire au bout
de 6 ans maximum.
Nous ne voyons qu’une solution de bon sens et de courage politique pour lutter contre
le bruit et la pollution : la réduction des vitesses autorisées. Elle permettrait de
surcroit d’effectuer de substantielles économies de carburant et de diminuer
l’accidentologie.
Dans un deuxième temps, nous appelons à reconsidérer les mobilités urbaines.Dans une ville dédiée au tout voiture, nous souhaitons que des alternatives solides à
l’usage de l’automobile soient mises en place avec vigueur.
Le projet actuel ne favorise pas les mobilités alternatives et ne donne pas de
place aux piétons et vélos.
En l’état, il ne fera que renforcer l’usage de l’automobile et donc la pollution de l’air et
les nuisances sonores.
Nous proposons que le PLU présente un plan des voies piétonnes et des pistes
cyclables. Trop souvent à Créteil les aménagements cyclables se font sur les trottoirs,
entraînant inconfort mutuel et conflit d’usages.
Nous demandons aussi l’installation de stationnements vélo sécurisés et en nombre
afin de promouvoir l’usage de la bicyclette. Comme rappelé par le FUB, le manque
d’infrastructures cyclables et de stationnements sécurisés constituent les 2 principaux
freins à l’usage du vélo.
Nous souhaitons également que le plan prévoit une intermodalité entre les différents
types de déplacement pour réduire l’usage des véhicules individuels et les nuisances
liées à “l’autosolisme”.
Dans un troisième temps, nous remettons en cause l’utilité de la construction de
nouveaux bâtiments. Au vu du nombre de logements vacants sur Créteil, est-ce
bien nécessaire ? L’autorité environnementale note dans son rapport (page 12/21)
que la ville disposait en 2019 de 1629 logements vacants et que leur nombre a très
fortement augmenté dans les 11 dernières années (+665 unités).
Nous avons la conviction que la rénovation des bâtiments existants à la construction
de nouveaux est une alternative plus soutenable.
L’isolation des logements est l’une des mesures les plus efficaces pour augmenter le
confort des habitants, diminuer leurs dépenses d’énergie et l’émission des gaz à effet
de serre.
Nous proposons que la ville établisse et rendre public un diagnostic de l’état d’isolation
des bâtiments existants. Isoler les habitats sociaux et favoriser la rénovation de
l’ensemble des habitations est du point de vue de l’intérêt public, bien plus intéressant
que la construction d’un énième projet de promoteur qui aggraverait encore
l’artificialisation des sols.
Nous demandons a minima à la Ville et aux promoteurs du projet de respecter les
recommandations proposées par l’Autorité environnementale dans son rapport et dont
nous rappelons la synthèse ci- dessous:
• traiter au sein du rapport environnemental, l’ensemble des composantes du projet
de modification du PLU, au-delà du seul secteur de plan masse no21 ;
• approfondir l’état initial et l’analyse des incidences pour les enjeux forts (enjeux
sanitaire, paysager, adaptation au changement climatique) afin de proposer des
mesures ERC adaptées dans le champ de compétence du PLU ;

doter le dispositif de suivi de valeurs cibles
• justifier les évolutions du PLU permettant la localisation et les caractéristiques du
projet immobilier au regard notamment des enjeux environnementaux et sanitaires
du secteur concerné ainsi que du nombre de logements vacants en forte
progression dans la commune
• revoir le projet de modification du PLU afin de ne pas permettre l’implantation des
habitations en bordure des avenues Bernard Halpern et du Général de Gaulle qui
exposerait de nouvelles populations à des pollutions sonores et atmosphériques
induisant des risques sanitaires, sauf à mettre en place au préalable des mesures
de réduction des nuisances à la source ;
• établir une stratégie de mobilité afin de restreindre le trafic automobile et favoriser
l’usage des mobilités alternatives dans le quartier de l’Échat, préciser les parts
modales attendues et prévoir des places de stationnement vélos en conséquence
ainsi qu’un réseau de voies piétonnes et cyclables assurant les déplacements
quotidiens ;
• évaluer le volume des émissions de gaz à effet de serre susceptibles d’être générées
par les projets permis par la modification du PLU et de définir en conséquence des
dispositions permettant de les éviter, de les réduire, voire, à défaut, les compenser,
dans le champ de compétence du PLU, en complément des mesures propres aux
futures opérations d’aménagement et permettant de les encadrer.
Nous espérons que les remarques présentées ci-dessus participeront à la réflexion et
aux prises de décisions concernant ce projet.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur Le Commissaire Enquêteur, l’expression de nos
salutations respectueuses.


Le groupe local Europe-Ecologie Les Verts Créteil