La transparence financière peut rapporter 30 à 50 milliards d’euros à la France / Pascal Canfin
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Ministre délégué chargé du Développement, à l’origine de la création de l’organisation non gouvernementale Finance Watch, Pascal Canfin explique dans une interview au Nouvel Observateur les mesures de transparence financière annoncées par François Hollande le mercredi 10 avril et leurs effets attendus.

 

Plutôt bien accueilli par les ONG spécialisées, le plan de route annoncé par le président est jugé timide par Tax Justice Network ou Attac, qui parle d' »effets d’annonces »…

– Je crois, au contraire, qu’il y a une formidable opportunité de transformer la crise ouverte par l’affaire Cahuzac en très grande avancée sur le front de la moralisation de la vie politique, de la lutte contre la fraude fiscale et les paradis fiscaux ! Le président a présenté des grandes lignes ambitieuses ; les détails ne sont pas arbitrés. Lors des débats au Parlement, il sera encore possible de muscler tel ou tel aspect si nécessaire. Regardez ce qui s’est passé sur la loi bancaire : la transparence sur toutes les filiales à l’étranger a été ajoutée lors des débats parlementaires.

Mais il existe aussi des risques de recul…

– Bien sûr, il y aura toujours des obstacles, des freins, car ces mesures ambitieuses bousculent de puissants intérêts : les lobbies vont se mettre en marche. Et il y a des responsables politiques – à gauche comme à droite – qui ne veulent pas jouer le jeu de la transparence. Mais le président est déterminé à aller jusqu’au bout… Et nous, écologistes, serons à la fois exigeants et vigilants. Un grand nombre de ces propositions figurent d’ailleurs dans notre projet politique.

Quelle sont les garanties que, cette fois-ci, on dépasse les vœux pieux ? Nicolas Sarkozy lui aussi avait dit, « les paradis fiscaux, le secret bancaire, c’est fini ! »…

– La différence avec 2008 et 2009, c’est justement que ces annonces vont immédiatement se traduire en projet de loi. Ce ne sont pas de grands principes, mais des textes concrets. Notre volonté politique d’aller de l’avant est renforcée par l’enjeu budgétaire. Pour redresser nos comptes publics, il faut trouver de l’argent. Or une lutte efficace contre la fraude et l’évasion qui passe par les paradis fiscaux peut permettre à la France d’effacer un manque à gagner de 30 à 50 milliards d’euros ! Soit 1,5 point de PIB… C’est énorme : même si tout ne pourra pas se faire à très court terme, c’est deux fois l’effort que nous avons à réaliser pour ramener le déficit de 3,7 à 3% du PIB en 2014.

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